Le « Fiat de la Rédemption »
Luisa parle du « Fiat de la Rédemption » comme le second Fiat de la Trinité qui suit le « Fiat de la Création », et découvre sa provenance dans la « Volonté Éternelle » de Dieu. Pour restaurer le projet originel de Dieu dans la création par le recouvrement de l’opération continue de l‘homme dans la Divine Volonté, Jésus assuma dans l’Incarnation une nature humaine. Durant sa vie cachée, il « divinisa » toute activité humaine en devenant une « victime » de tout l’homme intérieur et dans sa Passion il racheta l’humanité en prenant sur lui « deux Passions distinctes » pour ainsi dire, pour expier les péchés. Comme il avait en lui les vies de toutes les créatures et qu’il divinisait progressivement leurs actes par ses actes divins, Jésus leur acquit une nouvelle naissance.
Si Jésus, le nouvel Adam, restaura dans son Humanité le vêtement de lumière qu’Adam avait perdu, il ne rendit pas durant sa vie terrestre à la nature blessées de la créature humaine, la splendeur de la lumière divine que son Humanité ne révélait que par « éclairs et intermittence ». Luisa affirme que Jésus ne pouvait révéler l’éclat de sa Divinité à la nature blessée qu’il rachetait, car elle était « devenue aveugle et avait perdu sa lumière lui permettant de voir ».
Si le péché d’Adam jeta le désordre dans sa nature humaine et dans celle de toutes les générations humaines dont il devait constituer la tête, l’Incarnation et la Rédemption de Jésus ont réordonné et divinisé toute l’activité humaine dans l’Humanité qu’il assuma. En prenant notre nature humaine blessée, Jésus accomplit des actes divins et souffrit la Passion pour obtenir les « mérites » et la « Rédemption » de toutes les vies humaines.
Comme Dieu-homme, Jésus, qui assuma une humanité semblable à la nôtre, opérait infailliblement dans la Volonté Éternelle de Dieu par une succession d’actes temporels et spaciaux. Luisa insiste sur la différence entre l’opération de Jésus et celle de la créature humaine : contrairement à l’opération de la créature humaine dont les bonnes œuvres et les vertus sont « restreintes dans les limites où Dieu les a placées », et qui « ne pouvaient pas sortir des limites circonscrites par Dieu », elles ne reflètent pas celles de Jésus dont l’humanité « n’avait pas de limites » et qui accomplissait des actes héroïques et continus.
Car Jésus possédait toute grâce capable de diviniser la nature humaine et il obtint pour toutes les âmes le « Fiat de la Rédemption » qui influença de manière rétroactive, contemporaine et proactive les actes de tous les êtres humains. Effectivement, si l’Humanité sans limites de Jésus n’avait pas étendu ses mérites aux actes de toutes les générations humaines, la race humaine et la création aurait couru à sa ruine.
Parce que le retrait d’Adam dans la Divine Volonté interrompit dans son humanité et celle des autres humains la formation de ce « royaume » de Dieu, Jésus assuma une humanité semblable à celle d’Adam et mit en lui-même un royaume pour chaque créature. Ce royaume était constitué de tous les actes divins que tous les humains auraient dû accomplir si Adam n’avait pas péché. Ces actes divins furent formés dans l’Humanité de Jésus, dont la volonté humaine prit « possession » de la Divine Volonté et vice-versa.
Voyons le texte de Luisa Piccarreta dans le Livre du Ciel Tome XX, le 17 septembre, 1927
« Jésus mon amour, si ces vérités concernant ton adorable Volonté contiennent tant de vertus, pourquoi ne pas les avoir révélées à Adam (après le Péché originel) car en les faisant connaître à ses descendants, ils auraient pu mieux aimer et apprécier un si grand bienfait, ce qui aurait disposé leur cœur (à la recevoir) lorsque (le temps fut venu où) toi, le divin Réparateur, allais décréter de nous faire ce grand don du Royaume du Fiat Suprême? »
Et Jésus reprit : « Ma fille, aussi longtemps qu’il resta dans l’Éden terrestre, vivant dans la Royaume de la Volonté Suprême, Adam eut toute la connaissance concernant le Royaume qu’il possédait, autant que cela est possible pour une âme. Mais dès qu’il se fut séparé de ce royaume, son intelligence s’obscurcit, il perdit la lumière de ce royaume et fut incapable de trouver les mots pour révéler la connaissance qu’il avait acquise de la Volonté Suprême (…) Et chaque fois qu’il se rappelait son retrait de ma Volonté et le bien Suprême qu’il avait perdu, il ressentait une tristesse telle qu’il en était réduit au silence, accablé de douleur par la perte d’un si grand royaume et par des maux si irréparables qu’en dépit de tous ses efforts, il n’était pas en mesure d’offrir une juste réparation.
Dieu seul, celui qu’il avait offensé, pouvait offrir un remède. Parce qu’Adam ne possédait plus l’ordre (divin) de son Créateur, il était de ce fait privé de la capacité de manifester ce don ».
SOURCE : Le Don de la Vie dans la Divine Volonté dans les écrits de Luia Piccarreta, par R.P. Joseph Leo Lannuzzi, Rome 2012, pages 95-96 et 216