On peut se poser des questions sur Lucifer, car il est la quintessence, le fond même de tout mal et tout refus de Dieu y compris en nous.
Mais attention à ne pas lui ouvrir la porte en commençant à discuter avec lui, car on ne discute pas avec le diable. Bien plus intelligent que nous il aurait tôt fait de nous bluffer et nous rouler dans la Farine. Même Jésus n'a jamais discuté avec le diable, par exemple au désert. Non! Jésus se contentait de lui rétorquer des paroles de la bible. En s'incarnant jésus a accepté d'avoir une intelligence moins grande que celle de l'ange ; une simple intelligence humaine, lui qui en tant que Verbe est l'intelligence. Et face à l'intelligence de l'ange, l'homme et même Jésus avant sa résurrection ne fait pas le poids.
Heu !....Une exception : le curé d'Ars ; et oui ! Un jour qu'il était à la selle et que le diable se moquait de lui, de sa pauvre condition, le curé d'Ars lui a rétorqué :
"tout ce qui monte est pour Dieu ; tout ce qui descend est pour toi"
Et oui que voulez-vous mon bon, l'Esprit Saint a de l'humour.
Mais tout le monde n'est pas le curé d'Ars, et si on s'interroge sur le diable, ne le faisons pas tout seul ; réfléchissons, mais avec son ange gardien, ou Marie ; JAMAIS avec le diable lui-même, car il ne peut connaître nos pensées intimes, mais si on lui ouvre la porte comme si on lui donnait un coup de téléphone, il le pourra.
Maintenant et après une petite prière à Marie interrogeons-nous.
Interrogeons saint Thomas d'Aquin qui nous dit :
- Même en Lucifer il y a un certain bien, sinon il n'existerait pas.
- En Lucifer, l'orgueil n'explique pas tout.
Donc est-ce que Lucifer défendrait une certaine idée légitime, un certain abus de Dieu que le diable viendrait corriger pour ne pas tomber dans les pattes d'un tyran infini et tout puissant ? Est-ce que Lucifer nous proposerait de vivre debout quand Dieu nous demanderait de nous mettre à plat-ventre, et nous écraser face à lui ?
Mais Dieu lui-même tombe à-genou devant lui-même ; non pour s'idolâtrer mais pour se donner. Le Père se donne au fils, le fils se donne au Père, et l'Esprit-Saint se met au service des deux. Et pas une seule des trois personnes n'aura jamais un seul regard sur elle-même de toute éternité.
Ou alors Lucifer s'est sans doute imaginé qu'on était encore dans une sorte de proto-éternité, une éternité en construction, et que lui, Lucifer, allait être la conclusion finale, le centre du triangle ?
Mais Dieu est bien, bien, et bien plus grand que tout ce que son intelligence angélique a pu concevoir. Face à l’Éternel, il n'est même pas une puce face à l'immensité de l'univers. Non par je ne sais quelle mesquinerie de Dieu, mais face à l'infini, la créature est nécessairement fini aussi grande soit-elle.
Et l'orgueil n'explique pas tout ? Comment donc expliquer le choix de Lucifer ?
Il est comme un conducteur du dimanche qui aurait une Ferrari. Il a reçu énormément de Dieu mais n'a rien donné de lui ; comme un fils de famille qui aurait hérité de la fortune de son père et se croirait méritant pour cela.
Il se veut la cause de la nature face à la surnature. Et c'est une grave erreur.
Son péché ? Il est tiède et médiocre. Et l'orgueil, c'est la passion des tièdes.
Il na pas été jusqu'au bout, non pas seulement de Dieu mais avant tout de lui-même. Car s'il est un démon il n'en reste pas moins un ange. Il se trouve en contradiction non pas seulement avec Dieu mais aussi avec lui-même. Car un petit ciel bleu reste au fond de lui venant non pas de Dieu mais uniquement de lui (un certain bien selon Thomas d'Aquin) mais ce petit ciel bleu, il refuse de l'assumer ; non pour je ne sais quelle idée légitime, mais uniquement par lâcheté, et il le sait. Et donc il se renie lui-même, indépendamment de Dieu qui le laisse à son propre conseil.
Rien, rien et strictement rien ne justifie sa position sinon sa tiédeur et sa médiocrité.
Le dernier martyr des Chrétiens sera de mourir de rire, en voyant à quelle point le diable est ridicule.
L'homme va devenir le corps de Dieu, et ça, le diable ne l'avait pas prévu, pas plus qu'il n'avait prévu que Dieu aurait le culot de venir mourir pour sauver l'homme. Ça, et bien d'autres merveilles que nous réserve l'avenir.